Notre histoire

Le Rhône Sportif Tennis de Table est l’héritier d’une histoire centenaire, celle du Rhône Sportif, plus ancien club omnisport de la région lyonnaise encore en activité. Son surnom ? Les “Bleu et Or”, éternelles couleurs de leur maillot, et nom de l’éphémère revue de l’association.

Plus ancienne photo du "RS", d'abord club de football.

Fondé le 8 août 1919 par l’abbé Firmin pour occuper la jeunesse désorientée par la Grande Guerre, le Rhône Sportif se fait d’abord connaître pour sa section football – la première – et rugby – qui s’imposera comme la plus endurante (coucou à eux).

Au début des années 1930, le Rhône Sportif s'implante au Stade Firmin.Depuis, au même titre que l’A.J. Auxerre a son stade Abbé Deschamps, le Rhône Sportif a son stade Abbé Firmin. Il se situe à Villeurbanne, là où il a été construit, en 1932. Il abrite toutes les sections du club, football, rugby, athlétisme, hockey sur gazon… Toutes, ou presque : les pongistes sont des coquets, ils n’aiment beaucoup quand le vent vient souffler sur leur balle. Seule option : jouer en intérieur.

Les grandes heures de la rue d’Algérie

La section tennis de table du Rhône Sportif naît officiellement en août 1939. Elle pose ses sacs à dos au 21 rue d’Algérie dans le premier arrondissement de Lyon, au Cercle du Rhône, une salle ouverte l’année précédente pour servir de siège social à l’association omnisport. Elle prendra succinctement le nom de Rhône Sportif Terreaux, jusqu’en 1942. Encore aujourd’hui, les trophées d’époque brillent de leur patine nostalgique sur l’armoire du club. Le plus ancien date de 1934.

C’est en effet rue d’Algérie que la section pongiste connaît son envol, et ses plus belles heures. Porté par l’engouement de la jeunesse Elle s’affirme à la fin des années 1940 comme l’un des trois clubs majeurs de la région, avec le Lyon Academic Club et les rivaux riverains de la Salle Rameau, aujourd’hui disparus.

Les conditions sont pourtant spartiates : à chaque entraînement, la vingtaine de présents doivent se partager une seule table. “On jouait vingt minutes, puis on attendait en discutant”, se remémore Henri Cornut, 93 ans en 2023, alors vingtenaire. Les matchs de championnat de France durent alors une éternité. “On jouait en trois contre trois, chacun affrontait les trois adversaires, mais comme il n’y avait qu’une table, on finissait souvent à minuit”, se rappelle le vétéran, qui a évolué avec le Rhône Sportif en deuxième division nationale.

Les trois plus anciennes coupes conservées par le club.

Malgré l’étroitesse de sa salle, le club s’installe alors durant près de quinze années dans les hauteurs du tennis de table français, jusqu’à attirer en 1962 le triple champion de France de double messieurs, Maurice Granoer. En1963,le RSTT figure même dans le top 10 national en nombre de licenciés. Ils portent alors hauts les couleurs de l’omnisport : sur un short bleu uniforme, les pongistes compétiteurs revêtent alors le même maillot jaune que la section football.

Ce sont les grandes heures rhônistes. Côté femmes, Denise Porcheret, Odile Gonnet, Ginette Chambery ou encore Claude Jolly (ci-contre) représentent le Rhône Sportif en première division de 1961 à 1963.

Côté hommes, André Latuillière, pilier de l’équipe Excellence d’après-guerre remporte un critérium national, et est nommé Chevalier du Mérite Sportif en 1961. Tandis que Georges Duclos, enfant du club, qui deviendra le plus long président de la fédération française, de 1966 à 1978, et sera à l’origine du renouveau du ping-pong français dans les années 1970.

Mais le Rhône Sportif ne parvient pas à se maintenir à ce niveau d’excellence. Après avoir pris part aux premières divisions nationales, il en disparaît à partir de 1965, que ce soit côté masculine et féminine. Dans le même temps, les bulletins trimestriels de Bleu et Or notent un essoufflement des inscriptions chez les jeunes. D’autres clubs de la région éclosent, et offrent des capacités d’accueil avec lesquelles le club des Terreaux ne peut rivaliser. Entre effectifs sur le déclin et résultats sportifs de plus en plus anonymes, il entame une traversée du désert d’une quinzaine d’années.

Le renouveau des années 1980 à 2010

Inauguration devant la presse de la salle réaménagée.Le renouveau arrive au début des années 1980, grâce à un coup de pouce de la mairie. En 1983, alors que le club a toujours été confronté à la pénurie d’infrastructures adaptées à Lyon, le sous-sol de la salle Rameau, dont le club résident a disparu, est réaménagé pour accueillir le Rhône Sportif.

Il connaît dans les années 1990 et 2010 un nouvel âge d’or, avec l’arrivée de nombreux juniors, et des effectifs qui dépassent à nouveau la centaine.

De nouvelles figurent fortes le rejoignent, comme Patrick Castano, ancien top 50 français et champion de France espoirs par équipe, et dont la boutique Castano Sport, ouverte en 1986, dans le quartier des Bordelais, dans le 7e, s’impose comme le point de ravitaillement de tout le ping lyonnais, et l’arrière-boutique officieuse des Bleu et Or.

Après avoir été compétiteur, beaucoup, le club retrouve la vocation originelle que lui avait allouée l’abbé Firmin : la formation des jeunes. Ses effectifs s’envolent, en même temps que la moyenne d’âge baisse.

La salle Rameau modernisée, et ses pylônes longtemps iconiques.

C’est là, dans cette salle Terreaux flambeau neuve, et enfin capable d’accueillir les pongistes en devenir, que s’inscrit en 2005 un certain Valentin LF, alors âgé de 10 ans. “En y repensant, c’était quand même un sacré club, se souvient-il avec tendresse. On devait être une centaine. Plusieurs 18, 17, 16. C’était un vrai club familial, on était pleins de jeunes à venir avec nos parents. Et il y avait pas mal d’événements de club : soirée de rentrée, soirée de Noël, galette des rois…” Il ignore alors qu’il deviendra une quinzaine d’années plus tard le trésorier du Rhône Sportif, sa locomotive, en atteignant le classement 15, et, surtout, le gardien de ses valeurs.

Le logo du club, jusqu'en 2023.

Las, trente-quatre ans après que le maire Francisque Collomb ait inauguré la nouvelle salle Rameau, c’est un autre Collomb, Gérard, qui en liquide l’héritage, en 2017, en la mettant en vente.

Chassée de chez elle, l’association s’imagine déjà se renommer “Rhône Sportif Tennis de Table Sans Salle”. Avant elle, bien d’autres structures lyonnaises ont été conduites de mettre la clé et la raquette sous la porte, faute d’infrastructure. Mais les Bleu et Or ne lâchent pas.

La nouvelle ère des Manchots de Perrache

Echanges en loisir avec les Cheminots, salle Bélier.Les Rhônistes doivent leur salut à l’U.S.C.L, le club des cheminots lyonnais. Depuis 2018, ils accueillent les exilés des Terreaux dans leur salle du Bélier, à Perrache, où cohabitent également escrime et taï-chi.

Ce déménagement dans le deuxième arrondissement, puis la crise du Covid, entraînent une fuite des adhérents, notamment junior, faute de place, et vétérans, contexte sanitaire oblige. Les effectifs fondent de deux tiers.

Mais depuis 2021-2022, une nouvelle dynamique s’est engagée, autour d’un noyau de joueurs passionnés, énergiques et entreprenants. A la rentrée 2022, le club adopte un nouveau maillot, plus original. Il se dote d’un nouveau surnom, “Les Manchots de Perrache”, fédérateur, ludique et remarqué. Et il se pique les soirs de matchs d’improviser des séances d’ultimate ping, variante à quatre tables. Et en 2023, il remporte le championnat du Rhône, son premier titre depuis plus plus de 15 ans, tandis que l’a rejoint Thimothée, 9 ans, son premier benjamin depuis l’emménagement sous les voûtes, et, qui sait ?, son futur trésorier. L’histoire est (re)lancée.